Q : comment votre engagement en Scientologie et en Dianétique ainsi que la controverse publique dont vous avez fait l'objet ont affecté L. Ron Hubbard l'écrivain ?

R: La seule chose qui m'ait jamais affectée en tant qu'écrivain est la Marine US et leurs règles de « sécurité » interdisant l'écriture. Je ne me suis pas manifesté pendant deux ans et puis je ne l'ai plus supporté, j'ai pris une machine à écrire et avec mon Stetson en plein champ de bataille, j'ai écrit un roman historique en costume de 60.000 mots. Ce roman n'a jamais été publié. Il s'intitulait « Stormalong » et la seule chose qui en est restée est le personnage qui porte ce nom dans TERRE CHAMP DE BATAILLE. Est-ce qu'il a été rejeté ? Non. J'ai vendu 93,4% de tout ce que j'ai écrit – premier jet, première soumission, un chèque par retour courrier et souvent par un messager de la Western Union. Et à propos du roman ? Et bien, si les poissons savent lire, ils l'ont probablement apprécié.

Q : On raconte que vous avez parlé à un groupe d'écrivains de science-fiction et que vous leur auriez dit que s'ils voulaient vraiment gagner de l'argent, ils devraient créer une religion. Cela fait partie de la légende mais qu'en est-il exactement de cette histoire qu'on raconte souvent à votre sujet ?

R : J'ai bien peur que vous me confondiez avec un autre écrivain – George Orwell, l'auteur de 1984, de la Ferme des Animaux. C'est lui qui a fait cette remarque en 1938. J'en ai une en sens inverse pour vous. L'autre jour, j'ai entendu dire que des passages entiers des matériaux de Scientologie étaient attribués à Bouddha !

Q : la Scientologie a été décrite comme une religion de science-fiction. Qu'est-ce que vous en pensez ?

R ; Je n'ai jamais entendu dire qu'il s'agissait d'une religion de science-fiction mais si quelqu'un l'a ainsi qualifiée, y-a-t-il quelque chose de plus intéressant que le futur des gens ?

Q : Quel rôle est-ce que votre expérience en tant qu'écrivain de science-fiction joue dans le développement de la Dianétique et de la Scientologie ?

R : Comme je vous le disais, je préfèrerais parler d'écrivain plutôt que de me restreindre à un seul genre. Me demander quel rôle mon expérience dans un domaine a à voir avec ce qui semble être un domaine entièrement différent me rappelle la terrible situation dans laquelle un ami à moi s'est trouvé -- Bucky Fuller. Aujourd'hui cet homme est reconnu comme un génie. Mais il y a quelques années certains critiques essayaient d'affirmer qu'il n'avait aucune qualification pour ce qu'il faisait et pour ce qu'il revendiquait. Ils avaient raison. Il n'en avait pas. Bucky était probablement la personne la moins qualifiée que vous pouviez trouver et c'est la raison exacte pour laquelle il a réussi. Il n'a écouté personne. Aujourd'hui ses créations sont considérées comme des monuments et il continue de travailler. Entre temps, les critiques qui existaient sur son nom sont relégués à l'obscurité. Chaque personne devrait être un Buckminister Fuller et ne pas tenir compte de ceux qui hurlent que vous avez besoin d'un certificat pour être créatif.

Si j'avais écouté « l'Autorité », je n'aurais jamais écrit quoi que ce soit, je n'aurais jamais voyagé où que ce soit ou fait quoi que ce soit. Maintenant, ne vous y trompez pas, je ne parle pas d'anarchie. Je parle de la sacro-sainte Autorité. L'autorité existe quand la raison a échoué.

Q : Quand vous avez écrit La Dianétique en 1950, avez-vous jamais pensé que votre idée originale évoluerait vers ce qu'elle est aujourd'hui ? La Dianétique a commencé en tant que science du mental humain, une science d'amélioration personnelle qui a été présentée comme quelque chose que vous pouviez faire dans votre salon. Vous est-il venu à l'idée à ce moment-là d'en faire un réseau hautement organisé d'églises, de missions et de centres de Dianétique ?

R : La popularité de La Dianétique, la Puissance de la Pensée sur le Corps ne s'est jamais arrêtée. C'était un best-seller en 1950 et c'est toujours le cas 30 ans plus tard.

Après la publication du livre, je suis retourné aux projets que j'avais eus longtemps auparavant pour une expédition dans les Iles du Dodécanèse et en Méditerranée. Un groupe a formé une fondation et a demandé à ce que je les aide au début. Et je n'ai pu faire cette expédition qu'en 1967.

Une chose que la plupart des gens ne savent pas c'est que ce sont les scientologues qui ont décidé d'en faire une église et c'est ce qui s'est passé. Je ne l'ai en fait jamais fondée bien qu'on m'appelle le Fondateur, ceci parce que j'ai fondé le sujet, pas l'organisation. Et parce que j'aime aider les gens, je les ai aidés autant que j'ai pu jusqu'en 1965 quand j'ai démissionné. Je fais toujours de la recherche dans ce domaine et j'écris toujours des livres à ce sujet. Je continue de recevoir des sacs entiers de courrier chaque semaine. Ils s'en sortent très bien en fait et je leur souhaite tout le bien du monde.

Q: Pourquoi n'êtes-vous pas allé dans une église depuis le milieu des années 60 ?  Pourquoi n'apparaissez-vous pas à des congrès ou à des événements de Scientologie ?

R : Quand j'ai quitté ma position et donné les rennes de l'église à d'autres en 1966, j'ai décidé que la meilleure façon d'effectuer ce changement était également de me retirer, de faire de la recherche et d'écrire. De plus, je voulais trouver du temps pour d'autres activités.

Vous voyez,  la validité d'une idée ne réside pas dans l'aptitude de son créateur ou de son concepteur à la faire fonctionner mais dans son aptitude à  amener d'autres à la faire fonctionner. Le fait que la Dianétique et la Scientologie ont continué de prospérer est la preuve de leur validité.

Q : Où est-ce que vous vivez, où passez-vous le plus clair de votre temps actuellement ?  Que pensez-vous de cette réputation que vous avez créée d'être aussi reclus que Howard Hugues ?

R : Est-ce que j'ai cette réputation ? Je ne crois pas. D'habitude, on m'attaquait pour être trop grégaire. J'aimerais bien que les gens se décident une fois pour toutes.

Q . Vos travaux en Scientologie et en Dianétique font de fréquentes références  aux effets des radiations sur le corps et les dangers d'un conflit nucléaire. Comme vous le savez, il y a maintenant une résurgence de l'opposition à l'armement nucléaire. Cette opposition est différente des manifestations publiques auxquelles ont a pu assister dans le passé. En effet, il y a maintenant une grand nombre de médecins, de scientifiques et d'autres personnalités qui se joignent à la protestation publique. Ce n'est plus une bande de jeunes hippies qui proteste. Est-ce que cela vous encourage ? Qu'est-ce que vous prédisez ?

R : J'ai éprouvé une vive inquiétude dès que le développement d'un arsenal nucléaire a été annoncé, ceci parce que l'homme n'a jamais fait preuve de santé d'esprit pour justifier qu'on lui fasse confiance. Quand l'arme était un bâton ou une lance, l'effet n'était créé que dans l'entourage du guerrier.

Quand la poudre à canon fut découverte, la sphère de l'effet s'est encore plus étendue.
Avec les armes nucléaires, l'effet ne se produit pas simplement dans un espace plus large mais également dans le temps – les radiations se transmettent à des générations qui ne sont pas encore nées.

Les efforts pour diminuer ou limiter de telles armes sont toujours applaudis mais le problème est plus fondamental que cela. Le problème est que l'homme ne comprend pas la source de la guerre ou même comment gérer la folie.

Nous y sommes arrivés.J'espère pouvoir continuer jusqu'au bout.

Q : Comment vous décririez-vous vous-même en tant qu'homme ? Comment décririez-vous ce que vous avez accompli dans votre vie ? Quel est selon vous la réussite la plus importante de votre vie ? Comment aimeriez-vous qu'on se souvienne de vous ?

R : Je pense que l'une des façons les plus importantes de juger la vie d'une personne est de considérer  la quantité d'amis qu'il ou elle a. Et quand vous les comptez, n'oubliez pas de vous compter vous-même.

Il y a des gens célèbres que nous admirons tous pour ce qu'ils ont découvert, créé, inventé ou réussi. Mais quand on regarde leur vie, on se rend compte très souvent qu'ils étaient très seuls et n'avaient que peu d'amis.

Ainsi, nous admirons leur réussite, nous n'admirons pas leur vie.

Une personne qui a beaucoup d'amis a accompli quelque chose d'important.

J'ai, dans ma vie, été comblé par une grande quantité d'amis dans de nombreux pays. Cela va du vieil Indien Blackfoot qui me racontait des histoires dans le Montana quand je n'étais qu'un gamin aux hommes que j'ai entraînés pendant la Seconde Guerre Mondiale, à ceux avec lesquels j'ai travaillé sur l'album de “Space Jazz”. Voilà la richesse de ma vie.

Se faire un ami est une contribution incroyable non seulement pour vous-même mais pour le monde entier. Ne sous-estimez pas cela.

La richesse d'un homme se mesure à ses amis.

Je n'essaierais pas d'isoler un événement de ma vie comme étant ma “plus grande réussite”. Je sais ce qui a été satisfaisant et gratifiant.

C'est la concrétisation de sa propre intention qui détermine la réussite de quelqu'un. Et cela donne à l'individu le sentiment d'être une personne de grande valeur.

Faites en sorte qu'une personne croit qu'elle a de la valeur et vous la verrez prendre vie parce que la plupart des gens aujourd'hui se sont convaincus que leur vie était inutile ou sans but. Donnez un but à quelqu'un, donnez-lui de la valeur et vous lui donnez de la vie et du futur.

J'ai appris cela très jeune quand je voyageais en Extrême Orient. J'étais là sur la terre de la Grande Sagesse, ou plutôt c'est ce que des “experts” m'avaient appris à l'école. Mais quand j'ai regardé par moi-même, j'ai vu plus qu'une extrême pauvreté. J'ai vu un manque de valeur individuelle. La vie était pire que pauvre. Elle était sans valeur et cela se voyait.

J'ai alors commencé à faire des recherches et à lire encore plus.

En 1938, j'ai découvert que la vie avait un but commun : survivre. Peu importe ce qu'elle faisait, elle cherchait à survivre. J'ai appliqué cela au comportement humain et découvert que chaque personne, qu'elle soit folle ou saine d'esprit, riche ou pauvre, cultivée ou primitive, chaque chose qu'une personne faisait provenait d'un désir de survivre.

Le problème suivant fut de découvrir pourquoi les gens entreprenaient des actions qui allaient à l'encontre de la survie. La résolution de ce problème a donné le livre LA DIANETIQUE, LA PUISSANCE DE LA PENSEE SUR LE CORPS.

Et à partir de là, la résolution d'autres problèmes et d'autres paradoxes s'est poursuivie.
Si vous partez du principe que l'homme n'est qu'un amas de boue ou de viande, vous ne parvenez qu'à des complexités et à des échecs. Si vous partez du principe que l'homme est un être qui a un but, qui a de la valeur, si vous comprenez qu'il est réellement un individu qui cherche à survivre et à améliorer la survie des autres, alors là vous avez une chance.

Même là, ce qui me manquait c'est pourquoi les choses tournaient mal avec les gens.
L'autre chose que j'ai découverte c'est que seuls les individus peuvent se corriger. Ceci ne peut pas être fait avec des drogues ou avec la chirurgie quand vous vous adressez à l'esprit individuel.
Je suppose que j'ai changé ou bouleversé beaucoup d'idées “d'experts”. Par exemple, les gens sont là et cherchent des réponses. Ils ne se rendent pas compte qu'ils ont beaucoup de réponses. C'est juste qu'ils n'ont pas posé la bonne question.

Si cela vous semble terriblement simple, vous avez raison.

L'homme se développe sur des complexités et pense que s'il pouvait ajouter une pièce de plus, la complexité serait résolue.

Il s'agit là d'un piège.

Il s'est fourvoyé dans la mauvaise direction et l'état même de la société nous le montre bien : beaucoup de drogues, un arsenal d'armes nucléaires. Il n'a jamais connu la source de l'aberration.
L'homme a été jeté dans ce jeu appelé “la vie” sans qu'on lui en donne les règles. Le résultat est ce que vous voyez aujourd'hui autour de vous.

Quand vous comprenez la source de l'aberration, quand vous comprenez le jeu, quand vous pouvez regagner votre valeur, votre but, vous avez gagné plus que le monde, vous avez conquis les étoiles et au-delà.